Coronavirus : Liberté ou Fraternité ?
L’épidémie vécue par deux françaises en Italie
Lundi 9 mars, il est 21h40, le Premier Conte prend la parole. Il parle au peuple italien. Nous sommes alors déjà en alerte coronavirus depuis le 23 février. Quand il y avait alors seulement 200 cas sur le territoire. Nous étions déjà en télétravail, musées, cinéma, salles de sport fermés, invités à ne pas nous regrouper, distance d’un mètre dans les bars et restaurants. Les 11 communes en confinement, la zone rouge est étendue à la Lombardie, Vénétie et Emilie-Romagne le dimanche 8 mars. Que pouvions-nous faire de plus ? L’annonce tombe, “restez chez vous”, “Io sto a casa”, confinement total. Confinement total du pays. Ce n’est pas une boule dans l’estomac que nous avons ressenti, mais un poids de plusieurs tonnes, s’écraser dans nos entrailles. Fermeture de tous les commerces, sauf supermarchés et pharmacies. Nous allions devoir rester confinés, chez nous, pendant au moins quatre semaines. Jusqu’au 3 avril 2020. Après déjà deux semaines d’angoisse, d’alerte, de télétravail, de désinfection non stop. Le lundi 9 mars, l’Italie se fermait pendant que nos voisins européens vivaient leur vie comme si de rien n’était. Vivaient leur vie en dehors de notre réalité.
Décalage spatio-temporel
Le décret du 9 mars annonce que nous devons rester chez nous. Il est autorisé de sortir uniquement pour : aller au travail, aller à un rendez-vous médical, faire les courses et pratiquer une activité motrice nécessaire à la santé. Il est donc autorisé de marcher tant que l’on tient ses distances. Le mieux étant donc de marcher seul. La police patrouille jour et nuit pour faire respecter ce décret. Pour les courses, une seule personne par famille. On n’aurait jamais cru que cela puisse être possible, tellement habituées à la liberté. Juste la liberté de marcher à l’air libre.
Pendant ce temps en France, aucune prise de conscience, le gouvernement appelle à sortir, critique les mesures misent en place par l’Italie affirmant qu’elles n’ont servi à rien, la situation en France est sous contrôle, disent-ils. A partir du mardi 10 mars, nous alertons nos proches, nos amis, les gens sur les réseaux sociaux. Pas grand monde nous écoute. On se sent rapidement isolées, loin, en dehors du monde. Le doute s’installe. L’Italie se bat contre la propagation du coronavirus depuis le 23 février, seule.
“Nous ne sommes pas folles vous savez”.
Notre santé mentale sérieusement remise en question
Alors qu’on alerte, on explique, on s’énerve, rien n’y fait. Nous sommes dans deux mondes différents et nous voilà bloquée dans la psychose, la peur, la privation de liberté pendant que de l’autre côté des Alpes ils profitent de la vie à mille lieux de voir ce qui se profile. En Italie, ce n’est plus du tout une grippe depuis plusieurs jours, non ça ne touche pas que les vieux, oui des jeunes sont en réanimation. En France, au même moment, c’est considéré comme une maladie bénigne, soyez tranquilles nous dit le Président de la République. A l’entendre, on en vient à se demander si on ne se serait pas retrouvées enfermées dans un État devenu totalitaire à notre insu ? Qui ment ? Est-ce une maladie grave ou est-ce une grippe ? Pourtant en Italie, il y a les tests, plus de 70.000 effectués à ce moment là, avec beaucoup de malades, beaucoup de morts. L’État italien joue la carte de la transparence, il communique tous les chiffres, tous les jours à 18 heures, même si ils sont terriblement négatifs. Mais comment expliquer alors que L’État Français communique différemment avec son peuple ? Notre peuple. Et surtout, comment l’accepter ? Nous qui sommes françaises avant tout, certes, devenues de plus en plus “bipolaires” depuis que l’on vit en Italie mais néanmoins, Françaises. Toujours à défendre notre pays face à des italiens parfois moqueurs et plein de préjugés. Et de loin, cela ressemble à de la manipulation de l’opinion publique. Ou alors, nous sommes prises au piège en Italie ? Une chose est sûre : pour une même situation dans plusieurs pays, quelque chose ne tourne pas rond.
“On en fait trop”, “on est alarmistes”.
Sceptiques jusqu’auboutistes
Les français ne veulent pas comprendre. Parce qu’à ce stade, on a vraiment l’impression qu’ils ne veulent pas ouvrir les yeux. On a conscience que ce qu’on leur dit est brutal mais comment faire autrement ? Oui, le gouvernement communique d’une certaine manière mais l’Italie n’est pas aussi loin que la Chine. Nous les premières, on se sentait “intouchables” tant que le virus était en Chine. C’est loin la Chine. Ils sont confinés, oui mais la politique de leur pays n’est pas la nôtre. Leur culture n’est pas la nôtre. On se rassure. Mais l’Italie… Qu’ont les français en tête lorsqu’ils voient que l’Italie baisse le rideau ? Qu’ont nos proches en tête quand on leur explique ce que l’on vit ? L’Italie est là, derrière la montagne, tous les autres pays voisins enregistrent maintenant des milliers de cas de coronavirus. Mais enfin, réveillez-vous ! La colère remplace la panique, la peur pour nos proches nous paralyse le dos, l’estomac, la tête. Ils continuent à nous demander si nous allons bien. Non, nous n’allons pas bien et vous non plus ! Les propos tenus avant le 12 mars par notre gouvernement nous font honte et nous rendent profondément tristes. Impuissantes.
Deux salles, deux ambiances
Le jeudi 12 mars, anniversaire de la petite sœur. Oui c’est son anniversaire avant tout et elle devrait se souvenir toute sa vie de ses 18 ans ! Mais c’est aussi le jour où le Président de la République déclare l’état d’urgence sanitaire. MAIS IL ÉTAIT TEMPS ! Deux jours après avoir dit que tout était sous contrôle… On l’écoute. Il ne parle que d’économie, argent, économie nationale, argent, indemnisation, argent, économie. Un discours bien différent de celui que nous avons entendu lundi soir en Italie. Dans un pays fragilisé après déjà deux semaines de quarantaine. Un pays où les aides sociales sont bien inférieures à celles françaises. Un pays déjà en difficultés économiques. Mais un pays qui a décidé de privilégier la santé de ses citoyens. Fédérés autour d’un même message : restons à la maison pour le bien de tous. Comment fait-on pour ne pas être affectées psychologiquement face à ces deux types de discours ?
En Italie, nous n’avons aucune idée depuis le début de ce qui se passera au niveau économique. Nous sommes tous pris au dépourvu, tout ferme, nous sommes tous en télétravail, mis en congés ou chômage technique. Nos entreprises jouent le jeu, font tout ce qui est possible pour nous permettre le télétravail, même si cela comporte d’amener l’ordinateur fixe avec centrale à la maison tout en gardant les enfants. Oui parce que l’arrêt maladie pour garder les enfants, ici, n’a effleuré l’esprit de personne. Un privilège bien français. Nous naviguons à vue, l’Etat nous le confirme, nous sommes les premiers en Europe. Nous somme suspendus aux discours de Giuseppe Conte depuis le 23 février. Nous avons confiance en quelqu’un qui dit agir pour notre santé, l’économie nationale attendra. Nous sommes solidaires, nous restons à la maison. Un homme qui est sorti de nul part il y a quelques mois, que personne n’entendait jamais tellement les querelles de ses vices premiers ministres prenaient de la place dans le débat politique. Il est là, seul, devant le peuple et il nous annonce le pire. Sans détour, sans blabla. Depuis le début c’est toujours lui qui nous fait les annonces. On est là devant l’écran de notre téléphone portable, les larmes aux yeux, le corps crispé. Le silence des rues du centre ville pour seule réponse à nos interrogations.
Différences culturelles exacerbées.
Vivre le confinement à l’étranger c’est comme être coincé de force dans la culture de quelqu’un d’autre. Alors, les français en Italie font groupe, nous nous indignons ensemble, nous parlons beaucoup, nous essayons aussi de nous rassurer. C’est d’ailleurs bien français ça de parler de ce que nous ressentons, d’avoir un avis sur tout, de tout savoir. Sauf que là, on sait vraiment tout. Vertigineux et déconcertant. On comprend enfin ce que l’on qualifiait jusqu’ici de “complexe d’infériorité des italiens par rapport aux français” lorsqu’ils nous répètent depuis quatre ans : “pour vous les français, les italiens ne valent rien, vous nous regardez de haut avec votre air hautain”. Nous écoutons les journalistes parler des hôpitaux de l’Italie du Nord comme si il s’agissait d’un pays sous développé alors même qu’ils sont aussi performants que ceux de la France. La Lombardie est le cœur économique du pays et les régions voisines permettent à l’Italie entière une stabilité économique. Une autre raison donnée par la France pour expliquer les décès en Italie, ça a été de dire que la population est vieille. Oui, ça c’est vrai, 22% de la population italienne a plus de 65 ans, mais les journalistes avaient certainement oublié de dire que la population française comptait tout de même 19,6% de personnes âgées de plus de 65 ans. Que des excuses pour ne pas voir ce qui pourtant est devant leur nez. On comprend désormais bien l’image du français arrogant. Bon sang que c’est agaçant. Et notre Président en est vraiment la plus belle représentation.
En Italie, à l’instar de situations dites de “crises” rencontrées précédemment dans nos jobs respectifs, on remarque le même schéma face à cette épidémie nationale : problème, alerte, action ! On agit immédiatement. La force de l’Italie réside dans la réaction face à une situation de crise. Parfois déconcertant pour nous, pauvres françaises. Les voisins européens diront qu’ils sont fous ces italiens mais ici, c’est soit blanc soit noir. Tout ou rien. Pas de juste milieu. Ce qui entraîne évidemment des réactions extrêmes chez certains, comme la volonté d’interdire totalement de sortir aux gens. Exit les théories du “libre arbitre” à la française.
Et alors, impossible de ne pas noter la différence de discours entre l’Italie et la France. En Italie, la famille occupe une place tellement importante que “toucher” à la famille et à la santé était le levier nécessaire pour faire rester les personnes chez elles. Pendant qu’en France, le levier choisi pour faire rester les gens à la maison est : l’argent. Puis la santé.
Confusion et communication
Samedi 14 mars, le premier ministre français annonce la fermeture des lieux publics non indispensables à la vie. L’interlocuteur n’est jamais le même, tantôt le Président de la République, tantôt le Premier Ministre. Les français ne comprennent rien et on comprend qu’ils ne comprennent plus rien. Tout va fermer, les élections municipales sont maintenues. Les personnages politiques tiennent des conférences côte à côte avec parfois même le sourire aux lèvres. Les médias semblent enfin sortir de leur caverne, d’une simple grippe, on passe tout à coup à une maladie très grave. L’Italie alertait depuis des jours, les journalistes français en Italie rapportaient ce qu’ils voyaient. Seulement, voilà, en France, tout le monde avait bien positionné ses œillères et ses boules Quies. Les médecins silencieux jusqu’alors, se réveillent enfin pour communiquer sur les plateaux télévisés sur la dangerosité du virus. Où étaient-ils avant le 13 mars ? Encore aujourd’hui, certains disent que la stratégie sanitaire en Italie est totalement incontrôlée comparée à la France. Jusqu’au bout, le français est persuadé d’être dans le vrai, une façon de se rassurer comme il peut.
Problèmes identitaires
Ce qui apparaît évident au fil des jours, au fil de cette lecture, c’est notre identité ou manque d’identité. Qui sommes-nous ? Françaises ou Italiennes ? Si au cours de ces dernières années, nous parlons et rigolons souvent de ce que l’on appelle la “bipolarité”, en temps de coronavirus, ce syndrome est renforcé. Qui sommes-nous ? C’est bien là que notre santé mentale en prend un coup. C’est bien pour ça que nous avons vécu une semaine éprouvante. Une véritable torture psychologique qui met nos nerfs à rude épreuve, qui nous met en pleurs, nous fait hurler, qui nous fait douter. Comme une sorte de honte inavouable. Ces derniers jours, nous nous sentons plus italiennes que françaises. Notre corps le refuse mais notre cerveau nous oblige à l’admettre. Les doutes sur le futur s’emparent de nos pensées, nos projets sont remis en question, nous ne savons plus rien. Nous n’avons plus aucune certitude, si non, celle qu’il est important de rester chez nous. A Turin. D’ailleurs, on nous a demandé à plusieurs reprises si nous comptions rentrer. Non, nous avons décidé de rester en Italie dès le premier jour de l’épidémie. D’une part, pour ne pas propager le virus, d’autre part, car nous nous sentions plus protégées en Italie.
Liberté, identité, l’État, autant de sujets de nous ramène directement à l’année du bac de philosophie. En cette période de quarantaine, l’envie nous prend de nous replonger dans les lectures que l’on avait aimé quitter après le baccalauréat, il y a 11 ans. On comprenait vaguement l’intérêt et surtout, à quoi bon répondre à des questions de type : la liberté est-elle l’absence de contrainte ? L’indépendance suffit-elle à définir la liberté ? A un moment où nous étions libre de nos mouvements, sûrs d’en rester libres à tout jamais. Jusqu’à lundi dernier, de telles mesures nous semblaient totalement IM-PO-SSI-BLES. Aujourd’hui, l’impossible est devenu possible et nos pires cauchemars sont devenus réalité.
A vos crayons : La liberté de circuler prévaut-elle sur la liberté de vivre ? Vous avez quatre heures.
“Nous écoutons les journalistes parler des hôpitaux de l’Italie du Nord comme si il s’agissait d’un pays sous développé…”
Oui mais en même temps dans vos articles vous propagez souvent la même image de pays sous-développé : les italiens en général seraient des grands macho (jamais vu une femme discriminée parce que femme en 33 ans de vie en Piemont, à Ivréa), le pays serait arriéré de 20 ans par rapport à la France, le salaire moyen serait la moitié qu’en France (alors que la différence est de l’ordre du 20-25% et due au fait que l’économie italienne est faite de PME, qui payent moins des grands groupes. Il y a par contre beaucoup plus d’entrepreneurs et c’est pour cela que le PIB moyen dans une bonne partie du Centre-Nord du pays est plus élevé qu’en France), les italiens seraient des méridionaux gesticulants dédiés surtout à la Dolce Vita..
Merci Nicolas pour ton commentaire et merci de comparer notre petit blog au travail des journalistes sur des chaînes de télé et journaux nationaux. Nous écrivons de notre expérience et en grossissant le trait, ceci est notre façon de raconter notre vie en Italie. Pour ce qui est des compléments d’informations au sujet des PME, certes, reste tout de même le fait que les salaires sont inférieurs de manière générale donc merci de préciser et surtout n’hésite pas à écrire sur ces sujets sur ton propre site/blog.
En outre, ce n’est pas parce que tu n’as pas vécu de discrimination ou le sexisme que ça n’existe pas. Le fait est que le sexisme existe en Italie aussi, ne t’en déplaise.
Sur ce, buon pomeriggio!
Je suis contente de vous lire les filles. C’est con mais je ne vous suis pas depuis si longtemps mais je pense souvent à vous avec ce virus.
Merci aussi pour ce terme de “bipolarité”, je n’arrivais pas à mettre un mot sur ce que je ressentais. Je suis en Asie, la gestion est sensiblement différente qu’en France ou en Italie. Il y a mon côté anxieux français et mon côté tranquille que je travaille en Asie. C’est en vrai un peu plus complexe, mais je me sens moins seule à vivre ce j-ai-le-cul-coincé-entre-2-chaises-et-2-cultures.
En ce moment, on est bloqués en Thaïlande. C’est un cas de figure qu’on avait anticipé, on a choisi un petit bled bien tranquille qu’on connaissait déjà. On a tendance aussi à comparer les décisions françaises avec les décisions thaïlandaises et malaisiennes. (Au départ, on était en Malaisie et on prévoit d’y retourner après). Pour le moment, on n’est pas encore confinés. Mais on est fortement invité à rester à l’intérieur et à limiter les déplacements. Les thaïlandais ont beaucoup plus le sens de l’obéissance que les français. C’est carrément appréciable. Ils sont aussi bien plus flippés de la maladie (en temps normal et avec le virus c’est pire encore!). Ici on porte tous des masques, on a du gel hydro-alcoolique partout à disposition… Et les autorités ne déconnent pas non plus. Ils viennent d’instaurer un couvre-feu la nuit. Les flics sont dehors pour vérifier que c’est bien respecté. On a un voisin qui attend 4 heures du mat, levée du couvre-feu pour démarrer le scout et partir bosser. Les mesures prises ici sont différentes, elles sont aussi amenées de manière différente, mais les thaïlandais les suivent sans broncher dans la plupart des cas. Et c’est inspirant pour moi la française qui va d’abord remettre tout en question avant de m’y plier. Ca donne matière à réflexion ^^
Prenez soin de vous les filles 😉 A bientôt
Merci beaucoup pour ton retour sur l’expérience vécu en Thaïlande! C’est certainement un passage obligatoire cette sorte de “bipolarité” lorsque l’on vit à l’étranger. On n’est pas étonnées de lire que les thaïlandais sont plus disciplinés, les français sont reconnus pour leur “nonchalance” et le confinement ne fait pas exception! On est bien contentes de lire que tu as des masques et du gel hydro-alcoolique, c’est une bonne nouvelle!
Prend bien soin de toi aussi, on réussira à vaincre ce virus à travers le monde 🙂
Je découvre cet article et il me marque profondément. Oui, nous avons été lâches et égoïstes. Nous n’avons pas pris la mesure de ce qui se passait en Italie. Nous avons été arrogants et insouciants. Nous n’avons pas compris. Et aujourd’hui, je vis EXACTEMENT la même chose avec des gens qui vivent dans d’autres pays encore peu confinés/touchés et qui me sortznt les mêmes arguments que nous début mars ,on va pas s’arrêter de vivre, c’est qu’une grippe, etc. Je comprends ce que ça vous a fait. Merci pour ce témoignage fort.
Ciao Ariane, merci pour ton ressenti. On se sentait vraiment en décalage avec nos proches oui, c’est assez déboussolant et on te souhaite bon courage si tu le vis actuellement ! On a aussi découvert que c’était peine perdue tant que le discours gouvernemental, la ligne directrice du pays au final, n’était pas dans le même sens. Prends bien soin de toi, c’est le plus important 🙂
Coucou
Merci pour votre article très intéressant ! J’espère que vous allez bien malgré cette situation pas facile.
A bientôt
Audrey
https://pausecafeavecaudrey.fr
Nous allons bien, mieux depuis que l’on sait que désormais tout le monde est confiné! On espère que toi aussi et on te souhaite beaucoup de courage pour ces prochaines semaines!
Salut Amélie et Laura,
Je découvre votre blog via cet article qui fait la Une de Blog Campus. J’ai trouvé intéressant de lire vos points de vue, vos ressentis et vos questionnements. J’ai moins aimé votre façon d’opposer les deux pays et les deux cultures, qui m’a donné la sensation que, ce faisant, vous faisiez exactement ce que vous reprochiez pourtant à la France et aux français·es, à savoir “la France se permet de donner des leçons alors qu’elle fait tout mal, elle parle d’argent et d’économie alors que l’Italie pense santé et famille, etc.” mais peut être était-ce l’effet escompté pour appuyer votre démonstration ?
Gérer une telle crise n’est facile pour personne et on peut tous et toutes faire des erreurs. Je suis d’accord avec vous, nous avons été nombreux et nombreuses (et je m’inclus là dedans) à minimiser ce virus, à ne pas savoir comme réagir, à ne pas réagir assez vite (par manque d’information ? ou contradiction dans les informations ? par déni ? par flemme ? par peur ? par un peu de tout plein d’émotions ?). Nous aurions pu dès les premiers cas en Chine prendre des mesures et pourtant nous ne l’avons pas fait. La France est aujourd’hui l’Italie d’hier, qui elle même était la Chine d’hier, aux yeux d’autres pays qui jugent les mesures de confinement excessives, pas viables, etc.
En France, comme dans d’autres pays auparavant, il y a eu des réactions de minimisation et déni (“ça va la grippe aussi tue tous les ans et pourtant on en fait pas toute une histoire”), de “rébellion” (“jm’en fous moi je sors quand même”) et de panique (mouvement de fuite vers les trains et autres transports, courses excessives vidant les supermarchés alors que nous ne sommes pas en pénurie…), c’est humain. Nous sommes tous et toutes démuni·es, tous et toutes dans l’attente, tous et toutes perdu·es. Nous avons tous et toutes peur. Pour nos proches. Pour nous même.
Je crois que personne ne préférerait voir mourir une personne aimée pour le maintien d’une économie. Mais je crois aussi que ce n’est pas antinomique avec l’envie (le besoin ?) d’être rassuré·e et aidé·e pour se nourrir et nourrir sa famille dans une situation sans salaire et donc sans argent.
Je comprend la frustration que vous avez dû ressentir de voir depuis l’Italie que personne ne bougeait en France car vous en Italie vous étiez déjà en plein dedans. Et vous saviez que ça allait arriver en France mais ne pouviez pourtant rien y faire à part prévenir, sans pour autant être entendues.
Concernant la question de liberté de circuler et liberté de vivre je suis 100% convaincue que ce n’est même pas une question, pour personne. Bien sûr qu’on veut vivre. Qu’on veut que ceux et celles que l’on aime vivre. Alors, malgré le “décalage de temps”, malgré les erreurs, je me fais confiance et je fais confiance aux français·es, aux italien·nes, aux humain·es pour rester confiné·es, pour se protéger les un·es les autres car de toute manière on est tous et toutes dans le même bateau ❤️C’est frustrant de rester chez soi, c’est flippant cette situation, c’est dur, mais c’est comme ça et on va bien devoir y faire face, et s’adapter du mieux possible.
Bon courage à vous deux et à tous ceux et celles qui passeront par là. Et je vais m’arrêter là, je réalise que j’ai déjà écrit un gros pavé mais c’est parce que vous m’avez inspirée plein de pensées à la lecture de votre article, alors merci 🙂
Ce qu’on vit aujourd’hui est absolument exceptionnel… je ne pensais un jour vivre une telle épidémie. Il y aura un après et un avant, mais il est vrai que les français ne sont pas disciplinés. On manque de pensée collective, on pense à soi. Et l’Angleterre est encore à la traine. Elle peine à prendre conscience aussi de la gravité de la situation. Courage à vous 2 !
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